Labé, le stade régional en souffrance
Officiellement, la République de Guinée abritera la CAN (coupe d’Afrique des nations) en 2023. Pour être au rendez-vous de cette compétition interafricaine, le pays doit se doter des infrastructures adéquates, entre autres : des hôtels, des routes (…) Respectant les normes internationales , construire quatre stades de football dans des régions différentes, et huit autres stades d’entrainement avant la fin de l’année 2022.
Labé en est l’une de ces régions retenues. En attendant le début des travaux, faisons un tour dans ce centre sportif en souffrance.
Pisté, excusez du peu je voulais dire situé, dans le quartier de Dow Saaré en face du Palais de la Kolima, une vieille maison construite dans les années 60 par le gouverneur Émile Condé. Le stade régional d’Elhadj Saifoulaye Diallo de Labé inauguré en 1998 est actuellement dans un piteux état. Choquant pour ceux et celles qui le connaissaient dans le passé, alarmant parce qu’il mérite d’être rénové ou reconstruit sans ambiguïté.
Dans cet édifice règne une gigantesque insalubrité. À la rentrée de gauche à droite des tas d’immondices, vous accueillent. Sur les gradins, vous trouverez des excréments laissés par des citoyens qui participent eux aussi à la destruction de ce bijou ; un fait qui confirme le manque d’entretien et de contrôle qui mine l’édifice.
La pelouse – autre fois gazonnée est devenue le théâtre des tourbillons a complètement disparue. Rasée par faute d’entretien, laissant la bienvenue à un nuage de poussière à chaque fois qu’un joueur pose son pied sur la terre poussiéreuse, que l’on continue à appeler pelouse. À la tribune, on n’ose pas s’asseoir à défaut de sacrifier les vêtements qu’on porte. À la « loge officielle », aussi acabit avec son acariâtre, avec ses chaises chiffonnées et sa table en mur.
Vouloir organiser un match de football dans ce stade exige l’entretien des lieux 24 heures avant le jour, sinon les invités risquent de retourner chez eux déçus.
Les grillages qui servaient autrefois de barrière entre les sportifs et le public n’existent que de nom. Dans les vestiaires, une odeur nauséabonde, je dis bien nauséabonde, se dégage empêchant les joueurs de respirer de l’air propre. Les armoires sont devenues des nids de souris et chats. Où avons-nous laissez les moustiques qui représentent les climatiseurs ?
Les toilettes, on n’en parle pas. Mais mon devoir de citoyen journaliste m’oblige. Là, la puanteur des lieux vous empêche d’y accéder quel que soit votre courage et l’urgence du besoin. Les murs en débris de déchets, des caoutchoucs éparpillés çà et là, et les carreaux à la couleur de l’urée.
La gestion financière du stade laisse à désirer. On voit souvent des matchs de football se jouer et des spectacles organisés dans l’enceinte, mais avec aucun n’impacte sur le terrain. Les fonds qui devaient servir le stade, servent les gestionnaires.
Depuis l’inauguration du stade, il n’a jamais été rénové. Pire, son existence semble être oubliée par les autorités du pays, même si récemment en prélude de l’attribution de la CAN de 2023 à la Guinée une mission d’inspection de la CAF était venue pour s’enquérir de l’état des lieux. Et après ?
Avec cette indifférence qui persiste dans la gestion de la chose publique, je me demande comment la Guinée pourrait respecter sa promesse pour la tenue de cette CAN en 2023, même si elle a du temps encore. En attendant, je vous invite à y faire un tour.
Commentaires