À Dar es salam, c’est la période des mangues
Dar es salam est un district de la sous-préfecture de Kalan, situé à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Labé. Le week-end dernier, mon ami Mamadou Kaba Baldé et moi avons décidé de nous y rendre pour saluer les parents.
Sur la pendule centrale de ma chambre, il était 10 heures pile. Avant de bouger, on a fait un tour au marché central de Labé pour acheter des condiments destinés à ma grand-mère, Nenan Adama Djouldé.
Une fois les achats terminés nous empruntons la moto qui est le moyen de déplacement par excellence. L’état de la route est similaire aux autres routes du pays. Loin d’être satisfaisant…
Sur le chemin, on apercevait des paysans avec des machettes à la main coupant des arbres dans les localités de Noussy et Kata. Après plus d’une heure de route, nous voici sous les montagnes de Dar es salam,
Nous stationnons la moto sous un baobab avant de franchir le danbo hoggo [le point de passage]. D’un côté de l’habitation, des orangers et des avocatiers occupent la bordure de la passerelle et de l’autre côté les manguiers surplombent la maison de Nenan Mariama Djouldé.
A 72 ans, elle est très active, toujours en balade. Elle se rend souvent aux cérémonies organisées dans la bourgade. Exceptionnellement, ce jour-là nous la voyons sur le pas de la porte. Dès qu’elle m’aperçoit, elle se met à crier :« Wééé Sally arri » (traduction : Sally est venu, en pulaar) et nous invite à entrer dans sa maison pour goutter la bouillie.
Saison de mangues oblige, l’entretien fut bref. Avant de commencer à « saluer » les mangues,sans oublier l’existence d’Ebola [bien que progressivement en baisse] nous avons trouvé un seau rempli d’eau pour le lavage des mains et des mangues.
L’opération débuta par le manguier non loin de la véranda où était assis le petit Moussa. le gamin nous fixait à chaque fois qu’une mangue tombait. Mais la gaule n’a pu nous permettre d’amasser une importante quantité de fruits.
Pour nous faciliter la tâche, mon oncle nous donna un sacré coup de main. Les fruits tombaient les uns après les autres. Trente minutes plus tard, on n’avait toujours pas obtenu une quantité convaincante à nos yeux.
On décida alors de retourner au premier manguier. Cette fois, je décidai de grimper sur l’arbre. Mais une grande frayeur me traversa la tête quand ma grand-mère évoqua la terrible chute de mon grand-père tombé, justement de cet arbre.
Une fois au sommet, mon ami me donna kewal [la gaule] pour abattre les mangues mûres. Il fallait être de la partie pour voir le nombre de mangues qui tombaient. Satisfaction totale.
Je descends et j’aide mon ami Kaba et Thierno à mettre les mangues dans un sac que ma grand-mère nous a prêté. Très contente de notre visite, elle nous bénit. Vers 13 heures 40 nous prenons congé.
Sur le trajet du retour on discute longuement du sort qu’on devrait infliger aux mangues. Chacun de nous fait des propositions, et finalement nous sommes tombés d’accord sur le « mangué sauce » [les cuire et les préparer en sauce].
Arrivés à la maison, nous les donnons à ma sœur Mamadou Hawa pour les préparer, car des amis viendront le soir dîner.
A 20 heures, ensemble nous dégustons le meilleur plat guinéen du moment… aux mangues, bien sûr!
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