Je suis Guinéen, je ne suis pas Ébola !
Depuis l’apparition du redoutable virus dans notre pays en début d’année, je n’ai presque pas écrit grand-chose le concernant. Hormis bien sûr, les différentes campagnes de sensibilisations que je participe activement sur les réseaux sociaux. À présent, je pense c’est un devoir pour moi de le faire parce que ; quoique de nombreux progrès aient été atteints, il y a une chose que le monde doit savoir : le Guinéen n’est pas Ébola.
Cette fois, je ne suis pas en train de faire une quelconque sensibilisation interne, loin de jeter des diatribes ou des flèches à une personne, mais plutôt remettre les faits dans le contexte actuel. Je suis de ceux qui pensent que certains médias, notamment occidentaux, ont contribué à la dramatisation de la crise que nous vivons en ce moment. Je ne dis pas que ce sont eux qui ont propagé Ébola, mais ils sont responsables de l’ebolaphobie qui touche les populations de pays touchés.
À lire ou à entendre ces médias, on a l’impression que tous les Guinéens sont atteints de l’épidémie à virus Ébola. J’entends par ci et par là des «nouvelles» sur la maladie, et ce qu’on dit de mon pays n’est pas forcément vérifiable. Ce que nous vivons est tout à fait le contraire, les Guinéens continuent à vivre en dépit de l’existence du virus Ébola.
Certes Ébola est une vérité en Guinée et la maladie persiste dans certaines contrées du pays, à cause de la réticence des populations locales et la mauvaise volonté de nos gouvernants qui dès le début ont minimisé le risque que nous encourons, laissant ainsi la place aux spéculations. Mais il est dommageable de confondre les Guinéens au virus mortel qui est Ébola.
Des Guinéens ont la maladie dans des zones connues de tous. Oui, je le reconnais mais ce ne sont pas tous les Guinéens qui sont malades du virus rouge. Je suis navré d’entendre de décisions de certains pays qui considèrent qu’en se rendant en Guinée ou en octroyant un visa à un citoyen de mon pays qu’on va automatiquement attraper la maladie. Demandez au président Français, M. François Hollande, si ce qui se dit dans la presse et la réalité sur le terrain sont les mêmes.
Pensez-vous que si tous les Guinéens avaient Ébola, je serais derrière le clavier de mon ordinateur pour écrire ce billet de blog à plus fort interagir avec mes amis étrangers sur les réseaux sociaux?
Je précise encore une nouvelle fois que le portrait de la Guinée dressé par les médias internationaux est faux. Car comme dit François Hollande, la Guinée continue à vivre, à se battre et à se développer. Oui, nous vivons ! Je sais qu’il est du devoir de chaque président de la République de toute nation de protéger sa population comme cela est garanti par beaucoup de textes de loi de part le monde.
Cependant, ce devoir de protection ne donne à personne le droit d’exagérer jusqu’à ce que des citoyens étrangers résidant dans leur pays soient considérés tous comme des porteurs d’une maladie. Je commence bien à comprendre ce que l’ONU (organisation des nations unies) disait : se prémunir d’Ébola sans isoler les pays touchés. De la même manière, j’ai aussi compris la solidarité africaine.
Je me rappelle de la prétendue solidarité africaine que mes instituteurs à l’école primaire mes répétaient, ils me disaient que les pays africains sont solidaires, que n’eût été la colonisation on ne parlerait jamais des frontières dans le continent noir. Ah bon Dieu, pourtant ce sont des pays africains qui nous ont fermés leurs frontières en premier. Nous, Guinéens avons beaucoup appris à travers Ébola. D’ailleurs, je m’arrête là : parce que si je décide de parler tout ce que j’ai dans ma tête, je ferai beaucoup de procès.
L’histoire nous enseigne que la meilleure manière de répondre, c’est de pardonner. Mais sachez que l’histoire retiendra qu’un jour vous nous avez fermés vos frontières pendant que nous avions besoin de votre soutien ne serait-ce que moral. Vous nous avez stigmatisés… Je demande d’isoler la maladie mais pas les Guinéens.
Aux gouvernants, vous êtes les premiers responsables de ce qui nous est arrivé, par votre incompétence, maladresse et absence de volonté de servir loyalement votre partie. Mais tôt ou tard, les Guinéens comprendront qu’ils méritent mieux !
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